La culture du partenariat de soin aux contours de cette fin d’été 2023

Alors que la saison estivale entre dans sa dernière ligne droite, tout comme le billet précédent de juillet l’annonçait, ce billet propose un état des lieux, certainement non exhaustif, de la manière dont se développe en France le partenariat de soin avec le patient.

CONTEXTE

Alors que l’automne 2022 a vu la 3ème rencontre Internationale sur le partenariat de soin avec les patients se conclure par deux conférences de pionniers de l’engagement des patients dans le soin et le système de santé, Christian Saoût pour la France, aujourd’hui membre du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS) et Vincent Dumez pour le Québec, coconcepteur du modèle de Montréal (Pomey et al, 2015)[1] portant sur le partenariat de soin avec le.s patient.e.s (Dumez, 2012[2]; Karazivan et al, 2015[3]), actuellement codirecteur patient du Centre d’Excellence du Partenariat avec les Patients et le Public (CEPPP), directeur des partenariats avec les communautés de la faculté de médecine de l’Université de Montréal, codirecteur de l’Axe Partenariat de l’Unité de Soutien Système de Santé Apprenant du Québec.

 Tous deux convenaient que si le partenariat se développait de manière dynamique en France, il ne s’agissait pas « du partenariat », mais de partenariats très différents, que tous ne parlaient pas le même langage ni n’adoptaient les mêmes comportements et approches. Il était également souligné l’enjeu de passer d’un système de soin basé sur l’offre à un soin basé sur la demande, ce que les patients et les proches sont les plus pertinents à proposer dans une société en silo dont patients et proches sont sans doute les seuls à faire l’expérience de la transversalité.

LES PROCHAINS EVENEMENTS EN 2023

Nous aurons l’occasion de constater lors de la prochaine rencontre de ce champ :

Une prochaine rencontre dont les membres de l’Alliance sans frontières pour le partenariat de soin avec les patients créée en conclusion de la 1ère rencontre de ce genre en 2019 ont choisi qu’elle aurait lieu en région Rhône-Alpes-Auvergne après que les précédentes rencontres aient été organisées en région Provence Alpes Côte d’Azur en 2019, puis en 2021, pandémie mondiale oblige en Occitanie et en 2022 en Bretagne.

D’une candidature proposée en multisite, nous apprendrons, en temps voulu, si les suggestions de l’Alliance ont été suivies ou non ? En tout état de cause, ce choix des membres de l’Alliance doit permettre un partenariat France-Suisse avec une autre organisation membre de ce réseau les hôpitaux Universitaires de Genève et donc un partenariat international.

Une organisation membre de l’Alliance sans frontières pour le partenariat de soin avec les patients, l’UTEP du CHU de l’Université de Lorraine, qui a participé à la première recherche financée par l’Union Européenne, Approche Patient Partenaire de Soin (APPS), organise également le 23 novembre 2023 un colloque international intitulé « citoyenneté, santé et territoire : du partenariat de soin au partenariat de santé » à Nancy.

Des recherches financées par l’Union Européenne qui se poursuivent avec actuellement la recherche SIMUCARE immersion 360° à laquelle participe le Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P) avec l’Université de Liège déjà présente dans la recherche précédente, l’école des Hautes Etudes Libre Mosane (HELMo) pour la Belgique et les universités de Cluj en Roumanie et Coimbra au Portugal.

Les Centres de Recherche Juridique de l’université Paris 8 (CRJP8) de l’Université Lumière, et d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public d’Université Côte d’Azur (CI3P) à travers l’axe de recherche en droit et en éthique sur la place du patient au 21ème siècle à l’ère du partenariat organisent également le 3ème colloque qui se tiendra à Nice (et en hybride en ligne début novembre) dont le sujet traite de la professionnalisation des patients servant l’intérêt général et au sujet duquel l’appel à communication est toujours en cours.

Novembre verra également le Centre Régional du Psychotraumatisme (CRP-Sud Aquitaine) organiser également à Bordeaux le 3ème Congrès de psychotraumatologie, au Centre Hospitalo-Universitaire Charles Perrens de l’Université de Bordeaux les 16 & 17 novembre 2023. Un colloque dont le titre est Parcours de reconstruction post-traumatique : victimes-patients, familles, professionnels : qu’avons-nous à apprendre les uns des autres ?

 Un événement organisé avec le Centre National Ressources et Résilience (Cn2r) membre de l’Alliance sans frontières pour le partenariat de soin avec les patients. Une région d’Aquitaine dont une organisation a publié un état des lieux du partenariat dans la région.

LES ACTIONS AU NIVEAU INSTITUTIONNEL

Au niveau national

Le consortium inter universitaire créé en 2022 avec 4 universités françaises IDEX (Aix-Marseille[4], Grenoble[5], Nice Côte d’Azur[6], Sorbonne Université de Paris[7]), le Groupe Hospitalier Neurosciences et psychiatrie de Paris associés à l’association France Patient Expert Addiction (FPEA) proposant une certification par Validation d’Acquis d’Expérience (VAE), afin d’obtenir au niveau national une VAE basée sur l’expérience de la vie avec la maladie ou une situation de handicap, d’une part, et de mieux faire connaître dans les bureaux VAE des universités cette spécificité, a été reçu dans ce but par les responsables métier d’une part et recherche et formation du ministère de la santé et de la prévention. Des représentants de ce ministère qui a orienté le consortium vers la ministre déléguée à la REVA (Réforme de la VAE) et à la formation professionnelle continue auprès du ministre du plein emploi et l’insertion, un rendez- vous toujours en attente de programmation.

Le Centre d’Innovation du partenariat avec les patients et le Public (CI3P) d’Université Côte d’Azur, missionnée par le Collège National des médecins Généralistes Enseignants (CNGE) participe à un Comité de Pilotage (COPIL) avec d’autres organisations mobilisant des patients afin de faciliter la mise en œuvre de l’article 3 de la Loi sur la transformation du Système de santé qui vise à donner aux UFR de médecine la responsabilité de favoriser la participation des patients dans les cours théoriques et pratiques.

Un COPIL interministériel réunissant des responsables des ministères de la santé et de la prévention d’une part, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche dont la réunion conclusive se tiendra en septembre dans l’état actuel de ce qui était programmé au début de ce processus de réflexion. 

Parallèlement à ces actions, un des coconcepteurs du partenariat de soin avec les patients avec l’Université de Montréal, Alexandre Berkesse est missionné auprès du ministère de la santé et de la prévention sur la refondation du système de santé initié par le conseil national de la refondation.

Au niveau régional

Le Centre d’Innovation du partenariat avec les patients et le Public (CI3P) d’Université Côte d’Azur comme le Département d’Enseignement et de Recherche en Médecine Générale (DERMG) au sein duquel le CI3P se développe et l’équipe de Recherche interdisciplinaire en partenariat avec les patients RETINES ont participé au prochain plan régional de santé (PRS) de l’Agence Régionale de Santé de Provence Alpes Côte d’Azur (ARS PACA) dont le plan est actuellement accessible en ligne.

Du fait de cette participation, plusieurs orientations ont été intégrées à ce plan quinquennal telles par exemple : la reconnaissance du savoir expérientiel des patients, la place de médiateurs de santé au-delà de la santé mentale et leur intégration dans les soins organisations de soins primaires, la collaboration interprofessionnelle (Bouchez et al, 2022[8]; Raynault, 2020[9]; Vanier et al, 2016[10]) ou encore la mobilisation des moyens numériques en complément des actions développées auprès des populations sur place.

Un environnement numérique auquel le CI3P  participe avec le DERMG à plusieurs niveaux. Le premier a été réalisé dans le cadre d’une recherche financée par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).

Il s’agit d’une recherche menée au sein d’un consortium traitant d’une aide à la décision de prescription d’application mobile de santé, ApiApps (Emerson, 2023[11]; Flora et al, 2022[12]). Le CI3P développe actuellement un hub numérique sur le partenariat accessible à partir d’une application mobile de santé également proposé sur tablette et autres supports, Avec P pour patients, proches, professionnels de santé (futur et en exercice) et ouvert à la population.

 Il participe également avec son partenaire privilégié, l’association citoyenne de santé Maison de la Médecine et de la Culture (MMC) et France asso santé au comité de pilotage de P4DP, un projet de mise en réseau de données de santé en soins primaires qui maillera dans les années à venir tout le territoire français. Il s’agit en fait de créer un réel écosystème complémentaire au système de soin de proximité qui soit développé dans la culture du partenariat de soin avec les patients. « Du local au global » selon la philosophie de développement de l’auteur de ce blog proposant une analyse micro, méso et macro (Flora, 2023[13]; 2012[14]; Boivin et al, 2017[15]; Jouet et al, 2010[16]), voire des pistes de solutions en fonction de ses analyses.

En plus de l’ensemble des actions proposées, le CI3P, comme nombre de ses partenaires de l’Alliance sans frontières pour le partenariat de soin avec les patients, propose de nombreuses actions que ce soit dans l’enseignement, les milieux de soin et la recherche, ce que le CI3P a l’originalité de développer en fonction de son contexte, un Art du Soin en partenariat avec le patient dont les inscriptions au prochaines formations, sur place ou à distance sont dès maintenant ouvertes et ce jusqu’au mardi 17 octobre 2023 inclus ? Des formations organisées des Diplômes Universitaires (DU) au Master.

 Il est également à souligner les boîtes à outils créées par une autre organisation membre de l’Alliance sans frontières pour le partenariat de soin avec les patients, le pôle ETP de l’IREPS de Bretagne près avoir produit ces moyens en partenariat ave d’autres organisations qui a mis en ligne :

 

CONCLUSION

Si cet état de l’Art des actions mises en œuvre en 2023 n’est pas exhaustif, il donne une image de la dynamique créée selon la culture du partenariat de soin avec le patient qui s’organise en transversalité, en deçà et au-delà des silos selon une approche systémique, et encore n’ont été exposés que les développements au niveau national. Un prochain billet pourrait faire état de ce qui s’organise à l’international dans le domaine.

NOTES, REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES


[1] Pomey M.-P., Flora L., Karazivan P., Dumez V., Lebel P., Vanier M.-C., Débarge B., Clavel N., Jouet E. (2015), « Le « Montreal model » : enjeux du partenariat relationnel entre patients et professionnels de santé », Santé publique, HS, 2015/S1, pp.41-50.

[2] Dumez V. (2012), The patient: A missing partner in the health system, TEDxUdeM, Université de Montréal et polytechnique Montréal, accessible en ligne à: http://www.youtube.com/watch?v=V2MGumDv384

[3] Karazivan P., Dumez V., Flora L., Pomey M.-P., Del Grande C., Guadiri S., Fernandez N., Jouet E., Las Vergnas O., Lebel P. (2015), « The Patient as Partner in Care : Conceptual Grounds for a Necessary Transition », Academic Medicine, April 2015 – Volume 90 – N° 4 – pp.437–441

[4] Par sa faculté de pharmacie qui mobilise des patients dans la formation initiale et des patients partenaires au sein de la société savante de pharmacie clinique pour définir la meilleure approche de soin à adopter au cours de cette seconde décennie du 21ème siècle.

[5] L’Université de Grenoble-Alpes à travers son université des patients.

[6] L’Université Côte d’Azur, représentée par le Centre d’Innovation du partenariat avec les patients et le public (CI3P)

[7] Sorbonne Université à travers son université des patients, première université des patients créée dans une faculté de médecine en France.

[8] Bouchez T., Rousseau A., Fiquet L., Meury P., Flora L., Virot G., Bardet J.-D., (2022).  » Coopération interprofessionnelle, organisation pluriprofessionnelle. Médecine générale pour le praticien. Issy les Moulineaux, Elsevier-Masson, pp. 517-525.

[9] Raynault A., Lebel P., Brault I., Vanier M.-C., Flora L. (2020). « How interprofessional teams of students mobilized collaborative practice competencies and the patient partnership approach in a hybrid IPE course « . The Journal of Interprofessional Care, Vol. 35, I 4, pp. 574-585

[10]  Vanier M.-C., Flora L., Lebel P. (2016), « Un professionnel de santé qui exerce une pratique collaborative en partenariat avec le patient », in (Dir. Pelaccia T.) Comment [mieux] former et évaluer les étudiants en médecine et en sciences de la santé, Bruxelles, De Boeck, pp. 63-85. (une version mise à jour de ce chapitre doit paraître au cours e l’automne 2023)

[11] Emerson G. (2023).  Évaluation du logiciel ApiAppS, outil d’aide à la prescription mobile de santé . Thèse de médecine générale, faculté de médecine, Université Côte d’Azur.

[12] Flora L., Darmon D., Darmoni S., Gorsjean J., Simon C., Hassanaly P., Dufour J.-C. (2022). « Innover par l’aide à la décision dans la relation médecin-patient d’application mobiles : la recherche ApiAppS ». Le partenariat de soin avec le patient : analyses : Université Côte d’azur, N° 4, pp. 73-94.

[13]  Flora L. (2023). « Une réponse citoyenne aux contextes et enjeux contemporains, le patient partenaire ?, (Dir. Schaad B.), in (IN) hospitalités hospitalières, conflits, médiation, réconciliation ? Editions médicales Suisse, pp. 53-66

[14]  Flora L. (2012). Le patient formateur : élaboration théorique et pratique d’un nouveau métier de la santé, Thèse de doctorat de sciences sociales, spécialité « Sciences de l’éducation », Université Vincennes Saint Denis – Paris 8, campus Condorcet.

[15] Boivin A., Flora L., Dumez V., L’Espérance A., Berkesse A., Gauvin F.-P. (2017).« Transformer la santé en partenariat avec les patients et le public : historique, approche et impacts du “modèle de Montréal”. In « La participation des patients » « vol. 2017. Paris : Editions Dalloz, pp. 11-24

[16] Jouet E., Flora L., Las Vergnas 0. (2010). « Construction et Reconnaissance des savoirs expérientiels des patients ». Note de synthèse du N°, Pratique de formation : Analyses, N°58/59, Saint Denis, Université Paris 8, pp. 13-94.

Une nouvelle année d’éducation citoyenne en santé

Après près de 3 ans de suspension des rencontres-cinés-débats en salles en conséquence de la pandémie mondiale qui a vu nombre d’activités de ce type migrer sur la toile, l’année 2023 est le temps de la reprise de ces rencontres souvent chaleureuses. Ces activités initiées en 2015 par l’association citoyenne Maison de la Médecine et de la Culture (MMC), associée depuis sa création au Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P) en 2020, accompagnent en 2023 l’actualité des débats qui traversent notre société. C’est ce dont traite ce billet de février.

Rappel historique de ces évènements publics

En 2015, une association de citoyens a vu le jour suite à une discussion entre le doyen de la faculté de médecine de Nice, le professeur Patrick Baqué, et un ancien étudiant pair devenu médecin gastro-entérologue en médecine de ville, Jean-Michel Benattar. Ce dernier cherche à proposer un autre enseignement que celui qu’il a lui-même reçu dont il analyse que cela lui a permis d’être un bon technicien, mais pas nécessairement un bon médecin. Le doyen l’a invité à une réflexion sur l’éthique et l’a incité à se lancer dans l’action qui lui apparaîtrait comme la plus pertinente. Jean-Michel Benattar a alors réuni un certain nombre de citoyens niçois, un groupe qui a donné naissance à la Maison de la Médecine et de la Culture (MMC).

L’approche de cette association citoyenne réside dans le partage d ‘une œuvre d’Art à partir de laquelle questionner selon les piliers de l’éthique les grands thèmes de sociétés impliquant la santé qui nous concernent tous individuellement ou collectivement (familles, proches, voisinage).

C’est ainsi que selon l’approche d’éducation citoyenne ont été proposées aux Niçois les premières rencontres-ciné-débats au cours desquels étaient invités des personnalités dans leurs domaine (Céline Lefeve (2012)[1], Irène Frachon (2010)[2], Roland Gori (2008)[3], Philippe Barrier (2014)[4]). Au cours de l’été de cette même année, ce médecin fédérateur d’un groupe de citoyen part à Montréal pour des raisons personnelles. Il en profite pour y rencontre Martin Winckler (2011)[5], un médecin français devenu auteur à succès, et deux français impliqués dans la réforme des études de médecine à la faculté de médecine de l’Université de Montréal dont un est patient chercheur (auteur de ce blog). Il en repart avec la certitude qu’il doit favoriser, à chacun des évènements qui seront programmés, la parole, voire l’expérience des patients.

Les rencontres-cinés-débats s’enrichissent donc de ce nouveau « pilier » alors qu’au cours de cette première année de fonctionnement le département d’enseignement et de recherche en médecine générale (DERMG)  décide de permettre à la Maison de la Médecin et de la Culture (MMC) d’attribuer aux étudiants en médecine qui participent à ces débats des heures complémentaires validant leur cursus de spécialisation, pour cette occasion de se questionner d’un point de vue éthique au-delà d’un entre soi. Lors d’un événement de fin d’année, le patient chercheur de Montréal est invité à un débat sur le thème du prendre soin à l’ère des technosciences et c’est à cette occasion que le germe du Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P) sera semé, sans que chacun n’en soit alors conscient.

Après quelques rencontres et une recherche du doyen auprès de la présidence de l’université d’engager l’enseignant chercheur patient, il est décidé de lancer un diplôme universitaire qui sera conçu par l’association citoyenne en partenariat avec le département d’enseignement et de recherche en médecine générale (DERMG) de par la mission donnée au professeur David Darmon directeur du DERMG de prendre la responsabilité académique de cette nouvelle voie. Cette formation conçue en 2017, le DU Art du Soin en partenariat avec le patient débute lors de l’année 2017-2018 et reçoit dès sa première année d’exercice un prix d’innovation pédagogique, décerné par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Prix Passion d’Enseignement et de Pédagogie dans le Supérieur (PEPS 2018) d’innovation en formation tout au long de la vie. C’est à la fin 2018, lors de la remise de ce prix que le professeur David Darmon exprime l’intention d’ouvrir à la faculté de médecine un bureau à l’image de la Direction Collaboration et Partenariat Patient (DCPP)[6] existant depuis 2010 à la faculté de l’Université de Montréal (Boivin et al, 2017)[7].

Deux ans plus tard, le Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P), codirigé, comme à Montréal par un tandem de partenariat médecin-patient a vu le jour (Flora, et al, 2020c[8], avec une spécificité Niçoise, cette nouvelle entité était le fruit d’un partenariat privilégié avec une association citoyenne, et une spécificité française, cette association n’est pas une association d’usagers mais de citoyens.

La sphère de développement qui a un temps été nommée UniverCité du Soin (Ghadi et al, 2019)[9], tant pour sa transversalité d’action dans la cité et du fait de l’entrée des citoyens dans la faculté de médecine continue de proposer nombre d’activités, dorénavant sur Nice mais également dans la région la plupart du temps au sein d’actions associant les deux organisations (voir les ciné-débats organisés à Mouans Sartoux, à Roquefort les pins).

Les rencontres-cinés-débats de Nice en 2023

Un débat sur la fin de vie

La MMC et le CI3P réinitient des rencontres-cinés-débats en salles avec le choix de thèmes d’actualité et remplissent les salles. En effet, en cette nouvelle année riche de débats de société, à l’image de la concertation citoyenne sur la fin de vie ou encore de celui sur la réforme de la retraite, issue de la création de la sécurité sociale a été proposée début février, une rencontre-ciné-débat dans une salle de cinéma qui n’ a pu accueillir tous les citoyens désireux de participer à cette 1ère grande rencontre depuis la Pandémie. L’œuvre choisie était motivée avant tout par la programmation des cinémas en France qui a mis à l’affiche en ce début d’année de l’adaptation d’une œuvre cinématographique magistrale, le film « VIVRE », initialement réalisé par le japonais Kurosawa et adapté par le réalisateur sud-africain Hermanus. Ce qui, associé au débat actuel donnait du sens à une rencontre ciné débat sur ce thème.

Les affiches des deux versions du film Vivre, celui à droite du japonais Kurusawa de 1952, celui à gauche d’Hermanus de 2023

Pour l’occasion étaient invités pour animer le débat, au-delà d’un tandem de partenariat médecin-patient impliqués tant à la MMC qu’au CI3P, un professeur de cinéma d’Université Côte d’Azur, Jean-Paul Aubert, le codirecteur du Centre d’Excellence du Partenariat avec les patients et le Public du Centre de Recherche du CHU de l’Université de Montréal (CEPPP), Vincent Dumez qui a pu nous éclairer sur l’application pratique de la Loi sur la fin de vie au Québec, d’un médecin généraliste spécialisé en soin palliatif, le docteur Gary Pommier, une membre de l’association d’accompagnement à la fin de vie JALMALV, et une patiente partenaire avec le CI3P, Marielle Ravot qui venait d’accompagner son frère dans ses derniers instants.

Cet événement, comme nombre des actions d’éducation citoyenne, sont l’occasion pour des étudiants en cinéma ou multimédia d’Université Côte d’Azur de réaliser une captation suivie d’un montage et ou un documentaire, et nous mettrons en ligne à votre disposition le débat dès que celui-ci sera finalisé.

Un débat sur la sécurité sociale… Et la retraite, un élément constitutif de cette création unique

Dans le prolongement de ce premier évènement de l’année est programmé le vendredi 3 mars une rencontre-ciné-débat, cette fois à la faculté de médecine d’Université Côte d’Azur, à partir du documentaire La Sociale de Gilles Perret (2016) qui retrace cette innovation mondiale créée après la seconde guerre mondiale qu’est la sécurité sociale, une fantastique œuvre de partenariat d’un art du Soin au niveau d’une société, un art du soin entre citoyens au-delà de la juste sphère médicale avec la prise en compte de nos ainés.

Une rencontre qui sera animée avec le sociologue économiste spécialiste du sujet, Bernard Friot aux côtés du tandem de partenariat et de nombreux patients étudiants et professionnels engagés dans le partenariat de soin avec les patients.

Une démarche citoyenne qui continue de se développer au-delà de la ville de Nice

Alors que les rencontres-cinés-débats organisés à Mouans Sartoux avec le centre culturel municipal et le cinéma local la Strada, de nouveaux projets se dessinent en 2023 avec un projet à Grasse, ville voisine avec la Communauté PluriProfessionnelle territoriale de santé (CPTS) du pays de Grasse ou encore avec la ville du cinéma de la région, un spot mondial avec son festival, Cannes, ville dans laquelle se trouve le campus cinéma d’Université Côte d’Azur. Une ville où deux évènements sont en préparation à la fin du printemps et début décembre.

Ce savoir-faire de la Maison de la Médecine et de la Culture, avec ou sans le Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P) sera bientôt disponible à partir de l’application mobile de santé Avec P (Patients, Proches, Professionnels de santé, Population).

Une application mobile de santé doublée d’une plateforme numérique initiée par le CI3P grâce au soutien de l’Agence Régionale de Santé Provence Alpes Côte d’Azur (ARS-PACA) à partir de l’idée d’un patient partenaire mobilisé avec le CI3P dans la formation des étudiants, en éducation citoyenne, dans les milieux de soin et au sein de son association d’usagers, l’AFA Crohn RCH, une apps de santé conçue et pensée comme un carrefour d’innovation dans le partenariat qui a pour ambition d’être indépendante avec des contenus portés au sein de l’Apps par les auteurs de ces contenus.

Conclusion

Cette année 2023 sera l’occasion de nouvelles rencontres-ciné-débats, qui ont manqué à leurs organisateurs comme à une partie de la population niçoise si l’on en croit les retour et le nombre de participants à la 1ère rencontre de l’année. Cette année sera également l’occasion de la multiplication des antennes MMC ou des lieux de création d’évènements tels ceux organisés par cette association citoyenne, puis par l’association créée avec l’université en réponse à la responsabilité sociale des facultés de médecine et universités.

Notes et références bibliographiques

[1] Lefeve C. (2012). Devenir médecin, Paris : Presses Universitaires de France.

[2] Frachon I. (2010). Médiator 150mg – Combien de mort ? 1976-2009 Enquête sur une toxicité attendue. Brest : Edition Dialogues.

[3] Gori R. (2008). L’appel des appels : : Pour une insurrection des consciences, Paris : Editions des mille et une nuits.

[4] Barrier P. (2010). Le patient autonome. Paris : Presses Universitaires de France.

[5] Winckler M. (2011). Le chœur des femmes, Paris Gallimard.

[6] Un bureau nommé comme tel en fait en 2013, précédé par un bureau de l’expertise patient partenaire totalement autonome à sa création en 2010.

[7]  Boivin A., Flora L., Dumez V., L’Espérance A., Berkesse A., Gauvin F.-P. (2017).« Transformer la santé en partenariat avec les patients et le public : historique, approche et impacts du “modèle de Montréal”. In « La participation des patients » « vol. 2017, Paris : Editions Dalloz, pp. 11-24

[8] Flora L., Darmon D., Benattar J.-M. (2020). « Le Centre d’Innovation du partenariat avec les patients et le public : un moteur du développement de la culture du partenariat de soin avec le patient, avec les patients et le public en Europe ». La revue sur le partenariat de soin avec le patient : Analyses, N°1, pp. 138-163.

[9] Ghadi, V., Flora L., Jarno, P., Lelievre, H. (2019). The Engagement Conundrum of French Users. In Pomey, Denis, & Dumez (Dir.), (Eds.), Patient Engagement : How Patient-provider Partnerships Transform Healthcare Organizations : Springer International Publishing, pp.199-231.